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HISTOIRE DE FRANCE

Les femmes étaient restées Françaises ; les prêtres redevinrent Français. Ils avaient fini par apercevoir que les Anglais, avec tous leurs beaux semblants d’égards pour l’Église[1], en étaient les vrais ennemis. Apres avoir essayé d’imposer l’Église d’Angleterre, Bedford fit à celle de France l’exorbitante demande de céder au roi pour les besoins de la guerre tous les biens et rentes qui avaient été donnés à l’Église depuis quarante ans. Ces deux propositions portèrent malheur aux Anglais. Ils succédèrent à la réputation d’impiété qu’avaient eue les Armagnacs. Le pillage de quelques églises attira sur eux l’exécration du peuple[2].

La grandeur des Lancastre n’avait pas une base ferme. Elle reposait sur deux mensonges. En Angleterre, ils avaient dit : « Nous ne demandons à l’Église que ses prières » ; et ils voulaient toucher aux biens de l’Église. En France, ils avaient dit : « Nous sommes les vrais héritiers du trône, usurpé depuis Philippe-de-Valois ; nous sommes les vrais rois de France, nous sommes Français. » Un tel mot aurait pu tromper dans la bouche d’Édouard III, qui était Français par sa mère et qui parlait encore français. Mais, par un contraste bizarre, c’est justement à l’avènement d’Henri V que la Chambre des communes commence à rédiger ses actes en anglais. Lorsque ces prétendus Français


    d’Henri V et quand il semblait invincible, ramassa quelques hommes, tua quatre cents Anglais, et envoya leurs drapeaux à Notre-Dame de Paris, afin qu’y faisant son entrée l’Anglais y vît ses drapeaux.

  1. Bedford s’était fait donner le titre de chanoine de la cathédrale de Rouen. (Deville.)
  2. App. 18.