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CHARLES VII. — HENRI VI

Du 12 octobre 1428 au 12 février 1429, le siège continua avec des succès variés. Sorties, fausses attaques, combats pour l’entrée des vivres, duels même pour éprouver et amuser les deux partis. Une fois, c’étaient deux Gascons contre deux Anglais, et les nôtres eurent l’avantage. Un autre jour, on fit battre les pages des deux armées ; les pages anglais l’emportèrent. Six Français se présentèrent aux bastilles anglaises pour jouter, et les Anglais n’acceptèrent point.

Ils complétaient lentement leurs fortifications, et l’on pouvait prévoir que la ville finirait par être à peu près fermée. Quelque insouciant que le roi parût de sauver l’apanage du duc d’Orléans, il était clair qu’Orléans une fois tombé, les Anglais avanceraient librement en Poitou, en Berri, en Bourbonnais, qu’ils vivraient aux dépens de ces provinces, qu’après avoir ruiné le Nord ils ruineraient le Midi. Le duc de Bourbon envoya son fils aîné, le comte de Clermont ; des Écossais, des seigneurs de Touraine, de Poitou, d’Auvergne, devaient, sous ce jeune prince, secourir Orléans, y introduire des vivres, et même empêcher qu’il n’arrivât des vivres au camp anglais. Le duc de Bedford en envoyait de Paris sous la conduite du brave sir Falstoff ; il avait profité de la vieille haine cabochienne de Paris contre Orléans pour joindre à ses Anglais bon nombre d’arbalétriers parisiens et le prévôt même de Paris[1]. Ils amenaient trois cents char-

  1. Journal du Bourgeois de Paris.