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HISTOIRE DE FRANCE

Chaque bastille était commandée par un des premiers lords d’Angleterre, du côté de la Beauce par le lord commandant du siège, Salisbury, par les Suffolk, par le brave des braves, le vieux lord Talbot. La forte et triple bastille du sud, au delà de la Loire, au poste le plus dangereux, était commandée par un homme moins connu, mais déterminé, ennemi furieux de la France, William Glasdale, qui avait juré que, s’il entrait dans la ville, il tuerait tout[1], hommes, femmes et enfants. Le nom même de ces bastilles anglaises indiquait assez la ferme résolution de ne pas quitter le siège, quoi qu’il arrivât. L’une s’appelait Paris, l’autre Rouen, l’autre Londres. Quelle honte eût-ce été aux Anglais de rendre Londres ?

Ces bastilles n’étaient pas des forteresses muettes, mais comme des ennemis vivants, qui, parmi les injures et les bravades, vomissaient dans la place des boulets de pierre, du poids de cent vingt, de cent soixante livres.

D’autres bastilles plus éloignées, c’étaient les places du voisinage : Montargis, Rochefort, Le Puiset, Beaugency, Meung, dont les assiégeants s’étaient préalablement assurés et qui étaient devenues des places anglaises.

Orléans méritait ces grands efforts. Ce n’était pas seulement le centre de la France, le coude de la Loire, la clef du Midi ; ces avantages sont ceux de la situation ; mais, quant à la population même, c’était

  1. Chronique de la Pucelle.