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CHARLES VII. — HENRI VI

d’Orléans ce qu’ils avaient de troupes disponibles et toutes celles qu’ils purent faire venir.

Cela ne faisait guère au total que dix ou onze mille hommes. Mais c’était encore un grand effort dans la situation où étaient leurs affaires. Le duc de Glocester troublait l’Angleterre de ses querelles avec son oncle le cardinal de Winchester[1]. En France, Bedford ne pouvait tirer d’argent d’un pays si complètement ruiné[2] ; pour attirer ou retenir les grands seigneurs anglais et leurs hommes, il fallait leur faire sans cesse de nouveaux dons de terres, de fiefs, c’est-à-dire mécontenter de plus en plus la noblesse française. Le chroniqueur parisien remarque qu’alors il n’y avait presque plus de gentilshommes français dans le parti anglais ; tous peu à peu avaient passé de l’autre côté[3].

L’armée anglaise semblait peu nombreuse pour envelopper Orléans et barrer la Loire. Mais du moins c’étaient les meilleurs soldats que les Anglais eussent en France, et ils suppléaient à leur petit nombre par des travaux prodigieux. Ils formèrent autour de la ville, non une enceinte continue comme Édouard III autour de Calais, mais une série de forts ou bastilles qui devaient surveiller les intervalles qu’on laissait entre elles. Le plan qu’un savant ingénieur a tracé de ces travaux d’après les rapports du temps est véritablement formidable[4].

  1. Ils étaient sur le point de se livrer bataille dans les rues de Londres. Lire la lettre guerrière du cardinal. (Turner.)
  2. App. 13.
  3. Voy. t. IV.
  4. App. 14.