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CHARLES VII. — HENRI VI

qu’il en tira, c’est que le comte de Foix, gouverneur du Languedoc, comprit que le duc de Bourgogne tournerait tôt ou tard contre les Anglais ; il déclara que sa conscience[1] l’obligeait de reconnaître Charles VII comme le roi légitime. Il lui soumit le Languedoc, bien entendu que le roi n’en tirerait ni argent[2] ni troupes, qu’il n’y troublerait en rien la petite royauté que s’y était arrangée le comte de Foix.

L’amitié des maisons d’Anjou et de Lorraine semblait devoir être plus directement utile au parti de Charles VII. Le chef de la maison d’Anjou se trouvait alors être une femme, la reine Yolande, veuve de Louis II, duc d’Anjou, comte de Provence et prétendant au royaume de Naples ; cette veuve était fille du roi d’Aragon et d’une Lorraine de la maison de Bar. Les Anglais ayant fait l’insigne faute d’inquiéter les maisons d’Anjou et d’Aragon pour le trône de Naples, Yolande forma contre eux l’alliance d’Anjou et Lorraine avec Charles VII. Elle maria sa fille à ce jeune roi, et son fils René à la fille unique du duc de Lorraine.

Ce dernier mariage semblait bien difficile. Le duc de Lorraine, Charles-le-Hardi, avait été un violent ennemi des maisons d’Orléans[3], d’Armagnac ; il avait épousé une parente du duc de Bourgogne ; au mas-

  1. Il demanda sur ce point de droit une consultation écrite du célèbre juge de Foix, le jurisconsulte Rebonit, qui, après avoir examiné mûrement le droit de Charles VII et celui d’Henri VI, décida pour le premier. (Bibl. royale, mss., Doat, CCXIV, 34, 52. 5 mars 1423.)
  2. D. Vaissette.
  3. Et de la maison royale de France en général, à laquelle il disputait tou-