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CHARLES VII. — PHILIPPE-LE-BON

étaient restées unies. Elles se brouillèrent pour diverses causes, d’abord à l’occasion de la direction des eaux, question capitale en ce pays. Ypres entreprit d’ouvrir au commerce une route abrégée, en creusant l’Yperlé, le rendant navigable, et dispensant ainsi les bateaux de suivre l’immense détour des anciens canaux, de Gand à Damme, de Damme à Nieuport. De son côté, Bruges voulait détourner la Lys, au préjudice de Gand. Celle-ci, placée au centre naturel des eaux, au point où se rapprochent les fleuves, souffrait de toute innovation. Malgré les secours que les Brugeois tirèrent de leur comte et du roi de France, malgré la défaite des Gantois à Roosebeke, Gand prévalut sur Bruges ; elle lui donna une cruelle leçon, et elle maintint l’ancien cours de la Lys. Elle eut moins de peine à prévaloir sur Ypres ; par menace ou autrement, elle obtint du comte sentence pour combler l’Yperlé[1].

Dans cette question des eaux qui remplit le quatorzième siècle, la dispute fut entre les villes ; le comte y était auxiliaire autant ou plus que partie principale. Au quinzième, la lutte fut directement entre les villes et le comte ; la désunion des villes les fit succomber. Bruges ne fut point soutenue de Gand (1436), et il lui fallut se soumettre. Gand ne fut pas soutenue de Bruges (1453), et Gand fut brisée.

L’occasion de la révolte de 1436 fut le siège de Calais. Les Flamands, irrités alors contre l’Angleterre,

  1. Le comte reconnut, après enquête, qu’Ypres avait bon droit, et n’en décida pas moins qu’on planterait des pieux dans l’Yperlé, de sorte qu’il n’y pût passer qu’une petite barque. (Olivier van Dixmude, ann. 1431.)