Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
20
HISTOIRE DE FRANCE

Glocester, comme chevalier de Jacqueline, défie le duc de Bourgogne en combat singulier. Cette bravade n’eut pas d’autre suite, sinon que Bedford en faillit périr. Les bandes de Charles VII vinrent se loger au cœur même de la France anglaise, en Normandie. Il fallait une bataille pour les chasser de là. Elle eut lieu le 17 août (1424, Verneuil). Dès le mois de juin, Bedford avait regagné le duc de Bourgogne par une concession énorme ; il lui avait engagé sa frontière de l’Est, Bar-sur-Seine, Auxerre et Mâcon.

Toute la France du Nord risquait fort de tomber ainsi, morceau par morceau, entre les mains du duc de Bourgogne. Mais tout à coup le vent changea. Le sage Glocester, au milieu de cette guerre commencée pour Jacqueline, oublie qu’il l’a épousée, oublie qu’au moment même elle est assiégée dans Bergues, et il en épouse une autre, une belle Anglaise[1]. Cette nouvelle folie eut les effets d’un acte de sagesse. Le duc de Bourgogne se laissa réconcilier avec les Anglais, et fit semblant de croire tout ce que lui disait Bedford ; l’essentiel pour lui était de pouvoir dépouiller Jacqueline, d’occuper le Hainaut, la Hollande, ensuite le Brabant, dont la succession ne devait pas tarder à s’ouvrir.

Charles VII ne profita donc guère de cet événement qui semblait pouvoir lui être si utile. Tout l’avantage

  1. Des dames anglaises portèrent à la Chambre des lords une pétition en faveur de Jacqueline (Lingard, ann. 1425). Cette scène populaire, burlesquement solennelle, a bien l’air d’avoir été arrangée par Winchester, pour combler le scandale et porter le dernier coup à son neveu.