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TROUBLES DE L’ANGLETERRE

exhortations des lords n’eurent pas plus d’effet. Ils allèrent dîner et revinrent ensuite près du roi. Ils le touchèrent, le remuèrent, sans obtenir ni parole ni attention. Ils le firent conduire par deux hommes de cette salle dans une autre, le remuèrent encore et travaillèrent à le tirer de cette insensibilité léthargique. Tout fut inutile ; la personne royale pouvait encore respirer et manger, mais elle ne parlait plus, n’entendait plus, ne comprenait plus[1]. »

Arrêtons-nous en présence de cette muette image d’expiation. Ce silence parle haut ; tout homme, toute nation l’entendra : à vrai dire, il n’y a plus de nation devant de tels spectacles, ni Français, ni Anglais, mais seulement des hommes.

Si pourtant nous voulions l’envisager au point de vue de la France, ce serait seulement pour nous demander de sang-froid, sans rancune, ce qui reste de tout ceci.

Les Anglais, nous l’avons dit, laissent peu sur le continent, si ce n’est des ruines. Ce peuple sérieux et politique, dans cette longue conquête, n’a presque rien fondé[2]. — Et avec tout cela, ils ont rendu au pays un immense service qu’on ne peut méconnaître.

La France jusque-là vivait de la vie commune et générale du moyen âge autant et plus que de la sienne ; elle était catholique et féodale avant d’être française.

  1. Parl. Rolls.
  2. App. 123.