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HISTOIRE DE FRANCE

en effet, pour un serment de loyauté, serment solennel, à Saint-Paul, sur l’hostie. Mais qu’importe ? dans ces guerres anglaises, nous voyons les chefs de factions jurer sans cesse, et le peuple n’en paraît pas scandalisé.

La reine, en ce moment, avait l’espoir de regagner le cœur des Anglais, de leur prouver que la Française ne les trahissait pas ; elle voulait reprendre aux Français la Guyenne. Ce pays était déjà las de ses nouveaux maîtres ; il ne voulait point se soumettre à la loi générale du royaume, selon laquelle les villes logeaient et payaient les compagnies d’ordonnance ; il trouvait fort mauvais que le roi gardât la province avec ses troupes, qu’il ne se reposât pas sur la foi gasconne[1]. Les seigneurs aussi, qui avaient laissé leurs fiefs et qui avaient hâte de les revoir, assuraient à Londres que les Anglais n’avaient qu’à se montrer en mer, et que tout serait à eux. La reine et Somerset avaient grand besoin de ce succès, ils désiraient sincèrement réussir ; ils envoyèrent Talbot. Cet homme de quatre-vingts ans était, de cœur et de courage, le plus jeune des capitaines anglais, homme loyal surtout et dont la parole inspirerait confiance ; on lui donna pouvoir pour traiter, pardonner, aussi bien que pour combattre.

Les Bordelais mirent eux-mêmes Talbot dans leur ville, lui livrant la garnison, qui ne se doutait de rien. En plein hiver, il reprit les places d’alentour. Le roi, occupé ailleurs et comptant trop sans doute sur les

  1. App. 117.