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HISTOIRE DE FRANCE

cet accès, le tirer à droite ou à gauche, sans qu’il devinât la main ni la corde, sans qu’il sentit qu’on le tirât.

Avant tout, un coup de terreur fut frappé sur l’Église, un coup efficace, après lequel, toute puissante qu’elle était, elle ne bougea plus, laissant les lords faire ce qui leur plairait. Il suffit pour cela qu’il y eût deux évêques tués, deux des prélats qui avaient gouverné avant Suffolk ou avec lui. Tués par qui ? On ne le sut trop. Par leurs gens, par la populace, le mob des ports ? À qui s’en prendre[1] ?

Cela fait, on opéra en grand. On combina un soulèvement, une levée spontanée du peuple, un de ces vagues mouvements qu’une main savante peut tourner ensuite en révolution déterminée. Les petits cultivateurs de Kent, ces masses à vues courtes, ont toujours été propres à commencer n’importe quoi ; il y a là des éléments tout particuliers d’agitation, mobilité d’esprit, vieille misère, et de plus une facilité d’entraînement fanatique qu’on ne s’attendrait guère à trouver sur la grande route du monde, entre Londres et Paris[2].

En tête, il fallait un meneur, un homme de paille ; non pas tout à fait un fripon, le vrai fripon ne joue pas si gros jeu. On trouva l’homme même, un Irlandais[3], un bâtard, qui avait fait jadis un assez mauvais coup ; puis, il avait servi en France ; il revenait léger et ne sachant que faire ; du reste, jeune encore,

  1. App. 112.
  2. App. 113.
  3. App. 114.