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HISTOIRE DE FRANCE

rice non. Le traité de Suffolk ayant tranquillisé l’avarice, l’orgueil parla seul. Les moins disposés à financer pour la guerre se montrèrent les plus guerriers, les plus indignés. Le caractère morose et bizarre de la nation ne parut jamais mieux. L’Angleterre ne voulait rien faire ni pour garder ni pour rendre avec avantage. Elle allait tout perdre sans dédommagement ; la plus vulgaire prudence eût suffi pour le prévoir. Et le négociateur qui, pour assurer le reste, rendait une partie avec indemnité, fut haï, conspué, poursuivi jusqu’à la mort.

Tels furent les tristes auspices sous lesquels Marguerite d’Anjou débarqua en Angleterre. Elle y trouva un soulèvement universel contre Suffolk, contre la France et la reine française, une révolution toute mûre, un roi chancelant, un autre roi tout prêt. Glocester avait toujours eu pour lui le parti de la guerre, les mécontents de diverses sortes ; mais voilà que tout le monde était pour la guerre, tout le monde mécontent. Lorsqu’il marchait, selon sa coutume, avec un grand cortège de gens armés qui portaient ses couleurs, lorsque les petites gens suivaient et saluaient le bon duc, on sentait bien que la puissance était là, que cet homme si humilié allait se trouver maître à son tour, qu’il devait régner, comme protecteur ou comme roi… Il en était moins loin à coup sûr que le duc d’York, qui pourtant en vint à bout plus tard.

De l’autre part, que voyait-on ? de vieux prélats, riches et timides, un octogénaire, le cardinal Win-