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TROUBLES DE L’ANGLETERRE

échoué. Mais la chose était certainement plus facile en Angleterre ; il n’était séparé du trône que par une vie d’homme, tant que le roi n’était pas marié, n’avait pas d’enfants.

Donc, il fallait marier le roi au plus vite, le marier en France, faire la paix avec la France. L’Angleterre avait assez de la sourde et terrible guerre qui déjà grondait en elle-même.

Cette raison était bonne, et il y en avait une autre non moins forte : c’est que l’Angleterre s’épuisait à faire une guerre inutile, qu’elle n’en pouvait plus, que les dépenses croissaient d’heure en heure, que les possessions françaises coûtaient, loin de rapporter. Dans un temps bien meilleur, en 1427, on en tirait 57,000 livres sterling, et l’on y en dépensait 68,000[1].

Si ces provinces rapportaient, ce n’était pas au roi. Ceci demande d’être expliqué avec quelque détail.

Le régent de France, peu secouru, toujours aux expédients, ne sachant comment faire face à mille embarras, avait inféodé aux lords tous les meilleurs fiefs ; il leur avait mis entre les mains les châteaux, les places, dans l’espoir qu’ils les défendraient avec leurs bandes de vassaux. Cela créait aux lords des intérêts très divers, souvent opposés entre eux, souvent peu d’accord avec l’intérêt du roi. Ainsi, Glocester avait des places en Guyenne et il était l’allié des Armagnacs ; mais le duc de Suffolk, mariant sa nièce dans la maison rivale de Foix, fit passer au mari les

  1. Turner, d’après un document ms.