barras, de superfluités ; en 1420, une armée suisse de cinq mille hommes, entreprenant de passer les Alpes par un passage alors difficile, ne s’en faisait pas moins suivre de quinze cents mulets, pesamment, chargés[1].
L’avidité des Suisses était l’effroi de leurs voisins. Il n’y avait guère d’année où ils ne descendissent pour chercher quelque querelle. Tout dévots qu’ils étaient (aux saints de la montagne, à Notre-Dame-des-Ermites[2]), ils n’en respectaient pas davantage le bien du prochain. Allemands ennemis de l’Allemagne, ayant brisé le droit de l’Empire sans en avoir d’autres, leur droit c’était la hallebarde, pointue, crochue, qui perçait et ramenait…
De force ou d’amitié, avec ou sans prétexte, sous ombre d’héritage, d’alliance, de combourgeoisie, ils prenaient toujours. Ils ne voulaient rien connaître aux écritures, aux traités, bonnes et simples gens qui ne savaient lire… Un de leurs moyens ordinaires pour dépouiller les seigneurs voisins, c’était de protéger leurs vassaux, c’est-à-dire d’en faire les leurs[3]; ils appelaient cela affranchir ; les prétendus affranchis regrettaient souvent le maître héréditaire, sous cette rude et mobile seigneurie de paysans[4].
Les Magnifiques Seigneurs, vachers de la montagne ou bourgeois de la plaine, se disputaient leurs sujets. Les bourgeois abusaient volontiers de ce que les mon-