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RÉFORME ET PACIFICATION DE LA FRANCE

où elle allait en pèlerinage, se jetèrent sur ses bagages, ouvrirent tout, pillèrent tout, joyaux et nippes de femme, contre toute chevalerie.

Cette violence particulière n’était qu’un accident d’une grande querelle qui durait toujours en Lorraine. Metz et les autres villes libres étaient-elles françaises ou allemandes ? Quelle était la vraie et légitime frontière de l’Empire ?

Cette question des droits de l’Empire était débattue plus violemment encore du côté de la Suisse. Les cantons comptaient s’être définitivement séparés de l’Allemagne, et néanmoins Zurich venait de s’allier de nouveau à l’empereur, duc d’Autriche ; elle soutenait que la Confédération suisse était toujours un membre de l’Empire. Les autres Cantons tenaient Zurich assiégée, et, selon toute apparence, allaient la détruire. C’était une guerre sans quartier. Les montagnards, déjà maîtres de Greiffensee, en avaient fait passer la garnison par la main du bourreau. On assurait qu’après un combat ils avaient bu le sang de leurs ennemis et mangé leur cœur[1].

Toute cette rude histoire a été obscurcie en bien des points par les deux grands historiens qui l’ont écrite, au seizième et au dix-huitième siècle. L’honnête Tschudi, dans sa partialité naïve, a recueilli religieusement les menteries patriotiques qui circulaient de son temps sur l’âge d’or des Suisses ; toutefois, il n’a pas caché ce que leur héroïsme avait de barbare. Puis

  1. App. 92.