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RÉFORME ET PACIFICATION DE LA FRANCE

royaume. L’Angleterre, qui nous l’avait jetée, la reprit à son bord.

Les grands, sans appui, vont se trouver petits en face du roi, à mesure que ce roi grandira par le peuple ; ils seront obligés peu à peu de compter avec lui. Pour cela, il faut du temps, quarante ans et deux règnes. Le travail se fait à petit bruit sous Charles VII, et il ne finit pas. Il doit durer tant qu’à côté du roi subsiste un roi, le duc de Bourgogne.

Le 2 novembre 1439, Charles VII, aux États d’Orléans, ordonne, à la prière des États, que désormais le roi seul nommera les capitaines, que les seigneurs, comme les capitaines royaux, seront responsables de ce que font leurs gens ; que les uns et les autres doivent répondre également devant les gens du roi, c’est-à-dire que désormais la guerre sera soumise à la justice. Les barons ne prendront plus rien au delà de leurs droits seigneuriaux[1], sous prétexte de guerre.

La guerre devient l’affaire du roi ; pour douze cent mille livres par an que les États lui accordent, il se charge d’avoir quinze cents lances de six hommes chacune. Plus tard, nous le verrons, à l’appui de cette cavalerie, créer une nouvelle infanterie des communes.

Les contrevenants n’obtiendront aucune grâce ; si le roi pardonnait, les gens du roi n’y auront nul égard. L’ordonnance ajoute une menace plus directe et plus

  1. Sinon, le roi « déclare dès à présent la terre et seigneurie commise et confisquée envers le Roy et à jamais sans restitution». (Ordonnances, XIII.)