Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/186

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
176
HISTOIRE DE FRANCE

traîné partout à la suite d’Henri V, il avait vu de près la morgue des Anglais, Richemont en était resté ennemi implacable. Le duc de Bourbon, dont le père était mort prisonnier sans pouvoir se racheter jamais ni par argent ni par bassesse, n’aimait guère plus les Anglais ; tout récemment encore, ils venaient de donner à Talbot son comté de Clermont[1], qui était dans la maison de Bourbon depuis saint Louis.

Bourbon et Richemont prièrent tant leur beau-frère, qu’il céda et voulut bien faire grâce. Le traité d’Arras ne peut être qualifié autrement. Le roi demandait pardon au duc, et le duc ne lui rendait pas hommage : en cela il devenait lui-même comme roi. Il gardait pour lui et ses hoirs tout ce qu’il avait acquis : d’un côté Péronne et toutes les places de la Somme, de l’autre Auxerre et Mâcon.

Les explications et réparations pour la mort du duc Jean étaient fort humiliantes. Le roi devait dire ou faire dire qu’en ce temps-là il était bien jeune, avait encore petite connaissance, et n’avait pas été assez avisé pour y pourvoir ; mais qu’il allait faire toute diligence pour rechercher les coupables. Il devait fonder à Montereau une chapelle dans l’église, et un couvent pour douze chartreux ; de plus, sur le pont où l’acte avait été perpétré, une croix en pierre, qui serait entretenue aux frais du roi.

La cérémonie du pardon eut lieu dans l’église de Saint-Waast. Le doyen de Paris, Jean Tudert[2], se jeta

  1. Bibliothèque royale, mss. Colbert, LII, f° 313.
  2. App. 80.