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HISTOIRE DE FRANCE

On ne s’en tint pas à de vagues menaces. À la troisième monition qui eut lieu dans sa chambre (11 mai), on lit venir le bourreau, on affirma que la torture était prête... Mais cela n’opéra point. Il se trouva au contraire qu’elle avait repris tout son courage, et tel qu’elle ne l’eut jamais. Relevée après la tentation, elle avait comme monté d’un degré vers les sources de la grâce. « L’ange Gabriel est venu me fortifier, dit-elle ; c’est bien lui, les saintes me l’ont assuré[1]... Dieu a toujours été le maître en ce que j’ai fait ; le Diable n’a jamais eu puissance en moi... Quand vous me feriez arracher les membres et tirer l’âme du corps, je n’en dirais pas autre chose. » L’esprit éclatait tellement en elle, que Châtillon lui-même, son dernier adversaire, fut touché et devint son défenseur ; il déclara qu’un procès conduit ainsi lui semblait nul. Cauchon, hors de lui, le fit taire.

Enfin, arriva la réponse de l’Université. Elle décidait sur les douze articles que cette fille était livrée au Diable, impie envers ses parents, altérée de sang chrétien, etc.[2]. C’était l’opinion cle la faculté de théologie. La faculté de droit, plus modérée, la déclarait punissable, mais avec deux restrictions : 1° si elle s’obstinait ; 2° si elle était dans son bon sens.

L’Université écrivait en même temps aux papes, aux cardinaux, au roi d’Angleterre, louant l’évêque cle Beauvais, et déclarant « qu’il lui sembloit avoir été tenue grande gravité, sainte et juste manière de procéder, et dont chacun devoit être bien content ».

  1. App. 59.
  2. App. 60.