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HISTOIRE DE FRANCE

Le vénérable évêque d’Avranches, qu’on alla consulter, répondit que, d’après les doctrines de saint Thomas, il n’y avait rien d’impossible dans ce qu’affirmait cette fille, rien qu’on dût rejeter à la légère[1].

L’évèque de Lisieux, en avouant que les révélations de Jeanne pouvaient lui être dictées par le démon, ajouta humainement qu’elles pouvaient aussi être de simples mensonges, et que, si elle ne se soumettait à l’Église, elle devait être jugée schismatique et véhémentement suspecte dans la foi.

Plusieurs légistes répondirent en Normands, la trouvant coupable et très coupable, à moins qu'elle n'eût ordre de Dieu. Un bachelier alla plus loin : tout en la condamnant, il demanda que, vu la fragilité de son sexe, on lui fît répéter les douze propositions (il soupçonnait avec raison qu’on ne les lui avait pas communiquées) et qu’ensuite on les adressât au pape : c’eut été un ajournement indéfini.

Les assesseurs, réunis dans la chapelle de l’archevêché, avaient décidé contre elle sur les propositions. Le chapitre de Rouen, consulté aussi, n’avait pas hâte de se décider, de donner cette victoire à l’homme qu’il détestait, qu’il tremblait d’avoir pour archevêque. Le chapitre eût voulu attendre la réponse de l’Université de Paris, dont on demandait l’avis. La réponse de Paris n’était pas douteuse ; le parti gallican, universitaire et scolastique ne pouvait être favorable à la Pucelle ; un homme de ce parti[2], l’évèque de Gou-

  1. Notices des mss.
  2. Il écrivit à l’évêque, ne voulant pas apparemment reconnaître l’inquisiteur comme juge.