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PROCÈS ET MORT DE LA PUCELLE

demanderait, pour abréger son procès et décharger sa conscience, sans chercher de subterfuges. — Réponse : « Je ne sais sur quoi vous me voulez interroger, vous pourriez bien me demander telles choses que je ne vous dirais point. » — Elle consentait à jurer de dire vrai sur tout ce qui ne touchait point ses visions ; a mais pour ce dernier point, dit-elle, vous me couperiez plutôt la tête. » Néanmoins, on l’amena à jurer de répondre « sur ce qui toucherait la foi ».

Nouvelles instances le jour suivant, 22 février, et encore le 24. Elle résistait toujours : « C’est le mot des petits enfants, qu’on pend souvent les gens pour avoir dit la vérité. » Elle finit, de guerre lasse, par consentir à jurer « de dire ce qu’elle sauroit sur son procès, mais non tout ce qu’elle sauroit[1]. »

Interrogée sur son âge, ses nom et surnom, elle dit qu’elle avait environ dix-neuf ans. « Au lieu où je suis née, on m’appelait Jehannette et en France Jehanne... » Mais quant au surnom (la Pucelle), il semble que, par un caprice de modestie féminine, elle eût peine à le dire ; elle éluda par un pudique mensonge : « Du surnom, je n’en sais rien. »

Elle se plaignait d’avoir les fers aux jambes. L’évéque lui dit que, puisqu’elle avait essayé plusieurs fois d’échapper, on avait dû lui mettre les fers. « Il est vrai, dit-elle, je l’ai fait ; c’est chose licite à tout prisonnier. Si je pouvais m’échapper, on ne pourrait me reprendre d’avoir faussé ma foi, je n’ai rien promis. »

  1. Interrogatoire du 24 février 1431.