et, d’autre part, il fait venir des Gallois des garnisons de Guyenne. Le duc de Bourgogne y accourt ; l’évêque de Liège lui amène du renfort ; une foule d’aventuriers du Hainaut, de Brabant, de l’Allemagne, arrivent à la file. Le duc d’Orléans, de son côté, se fortifie des Bretons de Clisson, d’Écossais, de Normands. Paris se mourait de peur. Mais il n’y eut rien encore ; les deux rivaux se mesurèrent, se virent en force, et se laissèrent réconcilier.
Le duc de Bourgogne n’avait pas besoin d’une bataille pour perdre son neveu ; il n’y avait qu’à le laisser faire : il avait pris un rôle impopulaire qui le menait à sa ruine. Le duc d’Orléans voulait la guerre, demandait de l’argent au peuple, au clergé même. Le duc de Bourgogne voulait la paix (le commerce flamand y avait intérêt) ; riche d’ailleurs, il se popularisait ici par un moyen facile, il défendait de payer les taxes. Si l’on en croyait une tradition conservée par Meyer, historien flamand, ordinairement très partial pour la maison de Bourgogne, les princes de cette maison, ulcérés par les tentatives galantes du duc d’Orléans sur la femme du jeune duc de Bourgogne, auraient organisé contre leur ennemi un vaste système d’attaques souterraines, le représentant partout au peuple comme l’unique auteur des taxes sous le poids desquelles il gémissait, le désignant à la haine publique, préparant longuement, patiemment l’assassinat par la calomnie[1].