fille[1], mais c’était en la payant bien, et jamais il ne lui fit mal dans ses plus mauvais moments.
Ah ! s’il avait eu sa tête, la ville et le royaume s’en seraient bien mieux trouvés. Chaque fois qu’il revenait à lui, il tâchait de faire un peu de bien, de remédier à quelque mal. Il avait essayé de mettre de l’ordre dans les finances, de révoquer les dons qu’on lui surprenait dans ses absences d’esprit. Comment n’aurait-il pas eu bon cœur pour les chrétiens, lui qui avait ménagé les juifs même, en les renvoyant ?…
En quelque état qu’il fût, il voyait toujours avec plaisir ses braves bourgeois. « Je n’ai, disait-il, confiance qu’en mon prévôt des marchands, Juvénal, et mes bourgeois de Paris. » Quand d’autres gens venaient le voir, il regardait d’un air effaré ; mais quand c’était le prévôt, il lui parlait ; il disait : « Juvénal, ne perdons pas notre temps, faisons de bonne besogne. »
Nous avons remarqué au commencement de cette histoire, en parlant des rois fainéants, combien le peuple était naturellement porté à respecter ces muettes et innocentes figures, qui passaient deux fois par an devant lui sur leur char attelé de bœufs. Les musulmans regardent les idiots comme marqués du sceau de Dieu, et souvent comme personnes saintes. Dans certains cantons de la Savoie, c’est un touchant préjugé que le crétin porte bonheur à sa famille. La brute qui ne suit que l’instinct, en qui la raison indi-