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JEUNESSE DE CHARLES VI

Charles VI voulut que la fête se fit à Melun. Il y reçut magnifiquement la charmante Valentina, qui devait exercer un si doux et si durable ascendant sur ce faible esprit.

La ville de Paris avait cru que l’entrée de la reine lui vaudrait une diminution d’impôt. Ce fut tout le contraire. Il fallut, pour payer la fête, hausser la gabelle, et, de plus, l’on décria les pièces de douze et de quatre deniers, avec défense de les passer, sous peine de la hart. C’était la monnaie du petit peuple, des pauvres. Pendant quinze jours ces gens furent au désespoir, ne pouvant, avec cette monnaie, acheter de quoi manger[1].

Cependant le roi s’ennuyait ; il s’avisa d’un voyage. Il n’avait pas fait son tour du royaume, sa royale chevauchée. Il ne connaissait pas encore ses provinces du Midi. Il en avait reçu de tristes nouvelles. Un pieux moine de Saint-Bernard était venu du fond du Languedoc lui dénoncer le mauvais gouvernement de son oncle de Berri. Le moine avait surmonté tous les obstacles, forcé les portes, et, en présence même de l’oncle du roi, il avait parlé avec une hardiesse toute chrétienne. Le roi, qui avait bon cœur, l’écouta patiemment, le prit sous sa sauvegarde, et promit d’aller lui-même voir ce malheureux pays. Il voulait, d’ailleurs, passer à Avignon, et s’entendre avec le pape sur les moyens d’éteindre le schisme.

Après avoir, selon l’usage de nos rois en pareille

  1. Le Religieux.