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APPENDICE

La diversité des blasons provinciaux couvrit la France féodale comme d’un tartan multicolore. — L’Allemagne et la France sont les deux grandes nations féodales. Le blason y est indigène. Il y devint un système, une science. Il fut importé en Angleterre, imité en Espagne et en Italie. — L’Allemagne barbare et féodale aimait dans les armoiries le vert, la couleur de terre, d’une terre verdoyante. La France féodale, mais non moins ecclésiastique, a préféré les couleurs du ciel. — Les couleurs, les signes muets, précèdent longtemps les devises. Celles-ci sont la révélation du mystère féodal. Elles en sont aussi la décadence. Toute religion s’affaiblit en s’expliquant. Dès que le blason devient parleur, il est moins écouté. — L’origine des devises, ce sont les cris d’armes. Quelques-uns, d’une aimable poésie, semblent emporter les souvenirs de la paix au sein des batailles. Le sire de Prie criait : « Chants d’oiseaux ! » Un autre : « Notre-Dame au peigne d’or ! » Ces cris de bataille font penser au mot tout français de Joinville : « Nous en parlerons devant les dames. » — Le blason plaisait comme énigme, les devises comme équivoque. Leur beauté principale résulte des sens multiples qu’on peut y trouver. Celle du duc de Bourgogne fait penser : « J’ai hâte », hâte du ciel ou du trône ? Cette maison de Bourgogne, si grande, sitôt tombée, semble dire ici son destin. — La devise des ducs de Bourbon est plus claire ; un mot sur une épée : « Penetrabit. Elle entrera. »


2 — page 3Des hommes-bêtes brodés de toute espèce d’animaux.

« Litteris aut bestiis intextas. » (Nicolai Clemeng. Epistol., t. II, p. 149.)

Des hommes-musique historiés de notes…

Ordonnance de Charles, duc d’Orléans, pour payer 276 livres 7 sols 6 deniers tournois, pour 960 perles destinées à orner une robe : « Sur les manches est escript de broderie tout au long le dit de la chanson Ma dame, je suis plus joyeulx, et notté tout au long sur chacunes desdites deux manches, 568 perles pour servir à former les nottes de la dite chanson, ou il a 142 nottes, c’est assavoir pour chacune notte 4 perles en quarrée, etc. » (Catalogue imprimé des titres de la collection de M. de Courcelles, vendue le 21 mai 1834.)


3 — page 5Le prêtre même ne sait plus le sens des choses saintes…

« Proh dolor ! ipsi hodie, ut plurimum, de his qui usu quoti-