lants en donnèrent le premier exemple. Les grandes épidémies, le terrible ébranlement nerveux qui en restait aux survivants, tournaient aisément en danse de Saint-Gui[1]. Ces phénomènes sont, comme on sait, de nature contagieuse. Le spectacle des convulsions agissait d’autant plus puissamment qu’il n’y avait dans les âmes que convulsions et vertige. Alors les sains et les malades dansaient sans distinction. On les voyait dans les rues, dans les églises, se saisir violemment par la main et former des rondes. Plus d’un, qui d’abord en riait ou regardait froidement, en venait aussi à n’y plus voir, la tête lui tournait, il tournait lui-même et dansait avec les autres. Les rondes allaient se multipliant, s’enlaçant ; elles devenaient de plus en plus vastes, de plus en plus aveugles, rapides, furieuses à briser tout, comme d’immenses reptiles qui, de minute en minute, iraient grossissant, se tordant. Il n’y avait pas à arrêter le monstre ; mais on pouvait couper les anneaux ; on brisait la chaîne électrique, en tombant des pieds et des poings sur quelques-uns des danseurs. Cette rude dissonance rompant l’harmonie, ils se trouvaient libres ; autrement, ils auraient roulé jusqu’à l’épuisement final et dansé à mort.
Ce phénomène du quatorzième siècle ne se représente pas au quinzième. Mais nous y voyons, en Angleterre, en France, en Allemagne, un bizarre divertissement qui rappelle ces grandes danses popu-