maris en prison : elles pleuraient et sanglotaient. Les oncles du roi, son frère, furent touchés ; ils se jetèrent à ses pieds, comme il était convenu, et demandèrent que la peine de mort fût commuée en amende.
L’effet était produit ; la peur ouvrit les bourses. Tout ce qui avait eu charge, tout ce qui était riche ou aisé, fut mandé, taxé à de grosses sommes, à trois mille, à six mille, à huit mille francs. Plusieurs payèrent plus qu’ils n’avaient. Lorsqu’on crut ne pouvoir plus rien tirer, on publia à son de trompe que désormais on aurait à payer les anciens impôts, encore augmentés ; on mit une surcharge de douze deniers sur toute marchandise vendue. La ville ne pouvait rien dire ; il n’y avait plus de ville, plus de prévôt, plus d’échevins, plus de commune de Paris[1]. Les chaînes des rues furent portées à Vincennes. Les portes restèrent ouvertes de nuit et de jour.
On traita à peu près de même Rouen[2], Reims, Châlons, Troyes, Orléans et Sens ; elles furent aussi rançonnées. La meilleure partie de cet argent, si rudement extorqué, alla finalement se perdre dans les poches de quelques seigneurs. Il n’en resta pas grand’chose[3]. Ce qui resta, ce fut l’outrecuidance de cette noblesse qui croyait avoir vaincu la Flandre et la France ; ce fut l’infatuation du jeune roi, désormais tout prêt à toutes sottises, la tête à jamais brouillée par ses triomphes de Paris et de Roosebeke, et lancé à pleine course dans le grand chemin de la folie.