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MORT D’HENRI V ET DE CHARLES VI

vécut plus qu’avec les petits, les enseignant[1], ou plutôt recevant lui-même l’enseignement de ces innocents[2]. Avec eux, il apprenait la simplicité, désapprenait la scolastique. On inscrivit sur sa tombe : Sursum corda[3] !

Le résultat du concile de Constance était un revers pour la France, une défaite, et plus grande qu’on ne peut dire, une bataille d’Azincourt. Après avoir eu si longtemps un pape à elle, une sorte de patriarche français, par lequel elle agissait encore sur ses alliés d’Écosse et d’Espagne, elle allait voir l’unité de l’Église rétablie en apparence, rétablie contre elle au profit de ses ennemis ; ce pape italien, client du parti anglo-allemand, n’allait-il pas entrer dans les affaires de France, y dicter les ordres de l’étranger ?

L’Angleterre avait vaincu par la politique, aussi bien que par les armes. Elle avait eu grande part à l’élection de Martin V ; elle tenait entre les mains son prédécesseur, Jean XXIII, sous la garde du cardinal de Winchester, oncle d’Henri V. Henri pouvait exiger du pape tout ce qu’il croirait nécessaire à l’accomplissement de ses projets sur la France, Naples, les Pays-Bas, l’Allemagne, la terre sainte.

Dans cette suprême grandeur où l’Angleterre semblait arrivée, il y avait bien pourtant un sujet d’inquiétude. Cette grandeur, ne l’oublions pas, elle la devait

  1. Lire son traité De parvulis ad Christum trahendis.
  2. Il comptait sur leur intercession, et les réunit encore la veille de sa mort, pour leur recommander de dire dans leurs prières : « Seigneur, ayez pitié de votre pauvre serviteur Jean Gerson. »
  3. App. 217.