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HENRI V

Le duc de Bourgogne promit qu’il enverrait du secours. Le secours ne fut autre chose qu’une ambassade. Les Anglais la reçurent, comme à l’ordinaire, volontiers ; cela servait toujours à énerver et à endormir. Ambassade du duc de Bourgogne au Pont-de-l’Arche, ambassade du dauphin à Alençon.

Outre les cessions immenses du traité de Bretigni, le duc de Bourgogne offrait la Normandie ; le dauphin proposait, non la Normandie, mais la Flandre et l’Artois, c’est-à-dire les meilleures provinces du duc de Bourgogne.

Le clerc anglais Morgan, chargé de prolonger quelques jours ces négociations, dit enfin aux gens du dauphin : « Pourquoi négocier ? Nous avons des lettres de votre maître au duc de Bourgogne, par lesquelles il lui propose de s’unir à lui contre nous. » Les Anglais amusèrent de même le duc de Bourgogne et finirent par dire : « Le roi est fol, le dauphin mineur, et le duc de Bourgogne n’a pas qualité pour rien céder en France[1]. »

Ces comédies diplomatiques n’arrêtaient pas la tragédie de Rouen. Le roi d’Angleterre, croyant faire peur aux habitants, avait dressé des gibets autour de la ville, et il y faisait pendre des prisonniers. D’autre part il barra la Seine avec un pont de bois, des chaînes et des navires, de sorte que rien ne pût passer. Les Rouennais de bonne heure semblaient réduits aux dernières extrémités, et ils résistèrent six mois encore ; ce

  1. Voy. le journal des négociations dans Rymer, nov. 1418.