qu’il n’avait rien à craindre ni des Armagnacs dispersés, ni du duc de Bourgogne, qui venait de lui demander encore une trêve pour la Flandre, ne craignit pas de diviser son armée en huit ou neuf corps, de manière à embrasser la vaste enceinte de Rouen. Ces corps communiquaient par des tranchées qui les abritaient du boulet ; vers la campagne, ils étaient défendus d’une surprise par des fossés profonds revêtus d’épines. Toute l’Angleterre y était, les frères du roi : Glocester, Clarence, son connétable Cornwall, son amiral Dorset, son grand négociateur Warwick, chacun à une porte.
Il s’attendait à une résistance opiniâtre ; son attente fut surpassée. Un vigoureux levain cabochien fermentait à Rouen. Le chef des arbalétriers, Alain Blanchard[1], et les autres chefs rouennais semblent avoir été liés avec le carme Pavilly, l’orateur de Paris en 1413. Le Pavilly de Rouen était le chanoine Delivet. Ces hommes défendirent Rouen pendant sept mois, tinrent sept mois en échec cette grande armée anglaise. Le peuple et le clergé rivalisèrent d’ardeur ; les prêtres excommuniaient, le peuple combattait ; il ne se contentait pas de garder ses murailles ; il allait chercher les Anglais, il sortait en masse, « et non par une porte, ni par deux, ni par trois, mais à la fois par toutes les portes[2] ».
La résistance de Rouen eût été peut-être plus longue encore, si pendant qu’elle combattait, elle n’eût eu une révolution dans ses murs. La ville était pleine de