sous le chevet de son père qui gardait la porte Saint-Germain, il ouvrit aux Bourguignons. Le sire de L’Île-Adam entra avec huit cents chevaliers ; quatre cents bourgeois s’y joignirent. Ils s’emparèrent du roi et de la ville. Les gens du dauphin le sauvèrent dans la Bastille. De là, leurs capitaines, le Gascon Barbasan, et les Bretons Rieux et Tannegui Duchâtel osèrent, quelques jours après, rentrer dans Paris pour reprendre le roi ; mais le roi était bien gardé au Louvre ; L’Île-Adam les combattit dans les rues, le peuple se mit contre eux, et les écrasa des fenêtres.
Le connétable d’Armagnac, qui s’était caché chez un maçon, fut livré et emprisonné avec les principaux de son parti. Alors rentrèrent dans la ville les ennemis des Armagnacs, et avec eux une foule de pillards. Tous ceux qu’on disait Armagnacs furent rançonnés de maison en maison. Les grands seigneurs bourguignons s’y opposèrent d’autant moins, qu’eux-mêmes prenaient tant qu’ils pouvaient.
Ces revenants étaient justement les bouchers, les proscrits, les gens ruinés, ceux dont les femmes avaient été menées à Orléans (fort mal menées) par les sergents d’Armagnac. Ils arrivaient furieux, maigres, pâles de famine. Dieu sait en quel état ils retrouvaient leurs maisons.
On disait à chaque instant que les Armagnacs rentraient dans la ville pour délivrer les leurs. Il n’y avait pas de nuit qu’on ne fût éveillé en sursaut par le tocsin. À ces continuelles alarmes joignez la rareté des vivres ; ils ne venaient qu’à grand’peine. Les