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HISTOIRE DE FRANCE

temps prendre possession de leur ville de Paris. Et tout à coup ils apprennent qu’Harfleur est assiégé. Après cette terrible bataille, qui avait mis si bas les courages, Armagnac eut l’audace d’entreprendre ce grand siège.

D’abord il crut surprendre la place. Il quitta Paris, dont il était si peu sûr ; c’était risquer Paris pour Harfleur. Il y alla de sa personne avec une troupe de gentilshommes ; ils lâchèrent pied, et il les fit pendre comme vilains.

Harfleur ne pouvait être attaqué avec avantage que par mer ; il fallait des vaisseaux. Armagnac s’adressa aux Génois ; ceux-ci, qui venaient de chasser les Français de Gênes, n’acceptèrent pas moins l’argent de France et fournirent toute une flotte, neuf grandes galères, des caraques pour les machines de siège, trois cents embarcations de toute grandeur, cinq mille archers génois ou catalans. Ces Génois se battirent bravement avec leurs galères de la Méditerranée contre les gros vaisseaux de l’Océan. Une première flotte qu’envoyèrent les Anglais fut repoussée.

Avec quel argent Armagnac soutenait-il cette énorme dépense ? La plus grande partie du royaume ne lui payait rien. Il n’avait guère que Paris et ses propres fiefs du Languedoc et de Gascogne. Il suça et pressura Paris.

Le Bourguignon y était très fort ; une grande conspiration se fit pour l’y introduire. Le chef était un chanoine boiteux, frère du dernier évêque[1], Armagnac

  1. À en croire l’historien même du parti bourguignon, le chanoine et les