le roi déclara pourtant que si les prélats, les lords et les communes confirmaient l’affranchissement, il le sanctionnerait. À quoi ils répondirent unanimement : « Plutôt mourir tous en un jour[1]. » Richard n’insista pas ; mais l’audacieuse et révolutionnaire parole qui lui était échappée, ne fut jamais oubliée des propriétaires, des maîtres de serfs, barons, évêques, abbés. Dès ce jour, Richard dut périr. Dès lors aussi, Lancastre dut être le candidat de l’aristocratie et de l’Église.
Il semble qu’il ait préparé patiemment son succès. Des bruits furent semés, qui le désignaient. Une fois, c’était un prisonnier français qui aurait dit : « Ah ! si vous aviez pour roi le duc de Lancastre, les Français n’oseraient plus infester vos côtes. » On faisait circuler d’abbaye en abbaye, et partout, au moyen des frères, une chronique qui attribuait au duc je ne sais quel droit de succession à la couronne, du chef d’un fils d’Édouard Ier. Un carme accusa hardiment le duc de Lancastre de conspirer la mort de Richard ; Lancastre nia, obtint que son accusateur serait provisoirement remis à la garde de lord Holland, et, la veille du jour où l’imputation devait être examinée, le carme fut trouvé mort.
Richard travailla lui-même pour Lancastre. Il s’entoura de petites gens, il fatigua les propriétaires d’emprunts, de vexations ; enfin, il commit le grand crime qui a perdu tant de rois d’Angleterre[2] : il se maria en