dres, dans leur arrière-boutique, trouvaient fort mal qu’on ne leur gagnât pas tous les jours des batailles de Poitiers. « Ô richesse, richesse, dit une ballade anglaise, réveille-toi donc, reviens dans ce pays[1] ! » Cette tendre invocation à l’argent était le cri national.
La France ne rapportant plus rien, il fallut bien que, dans leur idée fixe de ne rien payer, ils regardassent où ils prendraient. Tous les yeux se tournèrent vers l’Église. Mais l’Église aussi avait son principe immuable, le premier article de son credo : De ne rien donner. À toute demande, elle répondait froidement : « L’Église est trop pauvre. »
Cette pauvre Église ne donnant rien, on songeait à lui enlever tout. L’homme du roi, Wicleff[2], y poussait ; les lollards aussi, par en bas, obscurément et dans le peuple. Lancastre en fit d’abord autant ; c’était alors le grand chemin de la popularité.
J’ai dit ailleurs comment les choses tournèrent, comment ce grand mouvement entraînant le peuple, et jusqu’aux serfs, toute propriété se trouva en péril, non plus seulement la propriété ecclésiastique ; comment le jeune Richard II dispersa les serfs, en leur promettant qu’ils seraient affranchis. Lorsque ceux-ci furent désarmés, et qu’on les pendait par centaines,
- ↑ « Awake, wealth, and walk in this region… » (Turner.) — La foi des Anglais dans la toute-puissance de l’argent est naïvement exprimée dans les dernières paroles du cardinal Winchester ; il disait en mourant : « Comment est-il donc possible que je meure, étant si riche ? Quoi ! l’argent ne peut donc rien à cela ? » (Ibid.)
- ↑ Lewis. Richard II prit Wicleff pour son chapelain. Voy. dans Walsingham la grande scène où Wicleff est soutenu par les princes et les grands contre l’évêque et le peuple de Londres.