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RÉFORME DANS L’ÉTAT ET DANS L’ÉGLISE

sait par deux causes en apparence contraires, et dont pourtant l’une expliquait l’autre : subtilité, stérilité dans les idées, matérialité grossière dans les mœurs.

Tout le monde parlait de réforme. Il fallait, disait-on, réformer le pape, réformer l’Église ; il fallait que l’Église, siégeant en concile, ressaisît ses justes droits. Mais transporter la réforme du pape au concile, ce n’était guère avancer. De tels maux sont au fond des âmes : In culpa est animus. Un changement de forme dans le gouvernement ecclésiastique, une réforme négative ne pouvait changer les choses ; il eût fallu l’introduction d’un élément positif, un nouveau principe vital, une étincelle, une idée.

Le concile de Pise crut tout faire en condamnant par contumace les deux papes qui refusaient de céder, en les déclarant déchus, en faisant pape un frère mineur, un ancien professeur de l’Université de Paris. Ce professeur, qui était Mineur avant tout, se brouilla bien vite avec l’Université. Au lieu de deux papes, on en eut trois ; ce fut tout.

Ceux qui aiment les satires, liront avec amusement le piquant réquisitoire du concile contre les deux papes réfractaires[1]. Cette grande assemblée du monde chrétien comptait vingt-deux cardinaux, quatre patriarches, environ deux cents évêques, trois cents abbés, les quatre généraux des ordres mendiants, les députés de deux cents chapitres, de treize universités[2], trois

  1. App. 152.
  2. Les Universités de Bologne, d’Angers, d’Orléans, de Toulouse même, avaient fini par se réunir contre les papes à celle de Paris.