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RÉFORME DANS L’ÉTAT ET DANS L’ÉGLISE

gens de ce parti qui ne respectait rien. La religion de la royauté était encore entière, et le fut longtemps[1]. Les bons bourgeois assurèrent le dauphin de leur douleur et de leur dévouement. Les bouchers avaient lassé tout le monde. Les artisans même, les derniers du peuple, commençaient à en avoir assez ; plus de commerce, plus d’ouvrage ; ils étaient sans cesse appelés à faire le guet, excédés de gardes, de rondes et de veilles.

Les princes, qui n’ignoraient pas l’état de Paris, approchaient toujours, en offrant la paix[2]. Tout le monde la désirait, mais on avait peur. Le dauphin fit part des propositions aux grands corps, au Parlement, à l’Université. Il fut décidé, malgré les bouchers, qu’il y aurait conférence avec les princes. L’éloquence de Caboche, qui pérora dans un brillant costume de chevalier, ne persuada personne ; ses menaces eurent peu d’effet.

Personne dans la bourgeoisie n’agit plus habilement contre les bouchers que l’avocat général Juvénal. Cet honnête homme poursuivait alors, sans souci des réformes, sans intelligence de l’avenir[3], un seul but : la fin des désordres et la sécurité de Paris. Cette pensée ne lui laissait ni repos ni sommeil. Une nuit, s’étant endormi vers le matin, il lui sembla qu’une voix lui disait : Surgite cum sederetis, qui manducatis

  1. App. 145.
  2. Le Bourgeois de Paris est l’écho fidèle des bruits absurdes qu’on faisait circuler : « Mais bien sçay que ils demandoient toujours… la destruction de la bonne ville de Paris. »
  3. App. 146.