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LUTTE DES DEUX PARTIS. — CABOCHIENS

d’être ouvriers ou marchands ; ministres ou rois, à la bonne heure ! Il leur faut, non pas ce que demandait Sancho, une toute petite île, mais bien un royaume, un royaume de Naples, de Portugal, s’il se pouvait ; de Suède au moins[1], ils s’en contenteront, hommes honnêtes et modérés. Tout le monde ne peut pas, comme le meunier du moulin de Barbaste[2], gagner Paris pour une messe.

Quoiqu’au fond le caractère ait peu changé, nous ne devons pas nous figurer les Méridionaux d’alors, comme nous les voyons et les comprenons aujourd’hui. Tout autres ils apparurent à nos gens du quinzième siècle, lorsque les oppositions provinciales étaient si rudement contrastées, et encore exagérées par l’ignorance mutuelle. Ce Midi fit horreur au Nord. La brutalité provençale, capricieuse et violente ; l’âpreté gasconne, sans pitié, sans cœur, faisant le mal pour en rire ; les durs et intraitables montagnards du Rouergue et des Cévennes, les sauvages Bretons aux cheveux pendants, tout cela dans la saleté primitive, baragouinant, maugréant dans vingt langues, que ceux du Nord croyaient espagnoles ou mauresques. Pour mettre la confusion au comble, il y avait parmi le tout des bandes de soldats allemands, d’autres de lombards. Cette diversité de langues était une terrible barrière entre les hommes, une des causes pour lesquelles ils se haïssaient sans savoir pourquoi. Elle

  1. L’affaire de Portugal, pour être moins éclaircie, n’en est pas moins probable.
  2. C’est le sobriquet d’amitié que les Gascons donnaient à leur Henri.