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HISTOIRE DE FRANCE

observer, tâter la ville, et qui auraient fort bien pu, si elle n’eût pris garde à elle, l’enlever par un coup de main[1].

C’était une terrible chose, pour la gent innocente et pacifique des bourgeois, de voir du haut de leurs clochers le double flot des populations du Midi et du Nord qui battait leurs murs. On eût dit que les provinces extrêmes du royaume, longtemps sacrifiées au centre, venaient prendre leur revanche. La Flandre se souvenait de sa défaite de Roosebeke. Le Languedoc n’avait pas oublié les guerres des Albigeois, encore moins les exactions récentes des ducs d’Anjou et de Berri. Ce que le Centre avait gagné par l’attraction monarchique, il le rendit avec usure. Le Nord, le Midi, l’Ouest, envoyèrent ici tout ce qu’ils avaient de bandits.

D’abord, pour défendre Paris contre les gens du Midi qu’amenait le duc d’Orléans, arrivèrent les Brabançons mercenaires du duc de Bourgogne. Pour mieux le défendre, ils ravagèrent tous les environs, pillèrent Saint-Denis. Autres défenseurs, les gens des communes de Flandre ; ceux-ci, gens intelligents qui savaient le prix des choses, pillaient méthodiquement, avec ordre, à fond, de manière à faire place nette ; puis ils emballaient proprement. De guerre, il ne fallait pas leur en parler ; ce n’était pas pour cela qu’ils étaient venus. Leur comte avait beau les prier, chapeau bas, de se battre un peu, ils n’en tenaient compte. Quand ils

  1. Dans une de ces alarmes, on fit loger le roi au Palais avec une forte troupe de gens d’armes, au grand effroi du greffier. App. 119.