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HISTOIRE DE FRANCE

faire un capitaine de Paris ; la ville prétendit qu’ayant eu un prince du sang pour capitaine (le duc de Berri), elle ne pouvait accepter un capitaine de moindre rang.

Le duc de Bourgogne, ayant contre lui les princes, sans avoir pour lui les villes, fut obligé de recourir à ses ressources personnelles. Il appela ses vassaux. Une nuée de Brabançons vint s’abattre sur la France du Nord, sur Paris, pillant, ravageant. Paris, devenu sensible au mal général par ses propres souffrances, demanda la paix à grands cris. Son organe ordinaire, l’Université, avec cet aplomb propre aux gens qui ne connaissent ni les hommes ni les choses, trouvait un moyen fort simple de tout arranger : c’était d’exclure du gouvernement les deux chefs de partis, les ducs de Berri et de Bourgogne, de les renvoyer dans leurs terres et de prendre dans les trois États des gens de bien et d’expérience, qui gouverneraient à merveille. Le duc de Bourgogne et le roi de Navarre accueillirent d’autant mieux la chose, qu’elle était impraticable. Ils firent parade de désintéressement ; ils étaient prêts, disaient-ils, soit à servir l’État gratuitement, en sacrifiant même leurs biens, ou encore à se retirer, si c’était l’utilité du royaume.

L’Université n’eut pas à aller loin pour trouver le duc de Berri. Il était déjà avec ses troupes à Bicêtre. Il avait répondu à une première ambassade, qui lui demandait la paix au nom du roi, que justement il venait pour s’entendre avec le roi. Il reçut parfaitement les députés de l’Université, goûta leur