qui étaient cause de la maladie du roi, qu’il en rendrait bon compte, que les bonnes gens n’avaient qu’à retourner à leurs affaires et à leurs métiers[1].
Montaigu nia tout d’abord ; mais il était entre les griffes d’une commission ; on lui fit tout avouer par la torture. Le 17 octobre, sans perdre de temps, moins d’un mois après sa belle fête, il fut traîné aux halles. On ne lut pas même l’arrêt. Brisé qu’il était par la torture, les mains disloquées, le ventre rompu, il baisait la croix de tout son cœur, affirmant jusqu’au bout qu’il n’était pas coupable, non plus que le duc d’Orléans, que seulement il ne pouvait nier qu’ils n’eussent mal usé des deniers du roi et trop dépensé[2]. L’assistance pleurait ; ceux même que les princes avaient envoyés pour s’assurer du supplice revinrent tout en larmes.
Cette mort avait touché tout le monde, mais effrayé encore plus. Quel en fut le résultat ? Celui qu’on devait attendre de la lâcheté du temps. Tous voulurent être du côté d’un homme qui frappait si fort ; la mort du duc d’Orléans, celle de Montaigu, le massacre de Liège, c’étaient trois grands coups. Le roi de Navarre était déjà allié du duc de Bourgogne[3], dont il avait besoin contre le comte d’Armagnac. Le duc d’Anjou le fut pour de l’argent ; il en reçut, comme dot d’une fille de Bourgogne, pour aller perdre encore cet argent