CHAPITRE II
L’étranger qui visite la silencieuse Vérone et les tombeaux des La Scala, découvre dans un coin une lourde tombe sans nom[1]. C’est, selon toute apparence, la tombe de l’assassiné[2]. À côté, s’élève un somptueux monument à triple étage de statues, et par-dessus ce monument, sur la tête des saints et des prophètes, plane un cavalier de marbre. C’est la statue de l’assassin. Can Signore de La Scala tua son frère dans la rue en plein jour, il lui succéda. Cela ne produisit, ce semble, ni étonnement, ni trouble[3]. Le meurtrier régna doucement pendant seize années, et alors, sentant sa fin venir, il donna ordre à ses affaires, fit encore étrangler un de ses frères qu’il tenait prisonnier, et laissa la seigneurie de Vérone à son bâtard, comme tout bon père de famille laisse son bien à son fils.