Celui-ci sans doute eut ses vices ; mais c’est en partie pour cela que nous le pleurons ; il n’en appartint que davantage à la pauvre humanité ; il nous ressembla d’autant plus ; c’était lui, et c’était nous. Nous nous pleurons en lui nous-mêmes, et le mal profond de notre nature.
On dit que la mort embellit ceux qu’elle frappe, et exagère leurs vertus ; mais c’est bien plutôt en général la vie qui leur faisait tort. La mort, ce pieux et irréprochable témoin, nous apprend, selon la vérité, selon la charité, qu’en chaque homme il y a ordinairement plus de bien que de mal. On connaissait les prodigalités du duc d’Orléans, on connut ses aumônes. On avait parlé de ses galanteries ; on ne savait pas assez que cette heureuse nature avait toujours conservé, au milieu même des vaines amours, l’amour divin et l’élan vers Dieu. On trouva aux Célestins la cellule où il aimait à se retirer[1]. Lorsqu’on ouvrit son testament, on vit qu’au plus fort de ses querelles cette âme sans fiel était toujours confiante, aimante pour ses plus grands ennemis.
Tout cela demande grâce… Eh ! qui ne pardonnerait, quand cet homme, dépouillé de tous les biens de la vie, redevenu nu et pauvre, est apporté dans l’église, et attend son jugement ? Tous prient pour lui, tous l’excusent, expliquant ses fautes par les leurs, et se condamnant eux-mêmes… Pardonnez-lui, Seigneur, frappez-nous plutôt.
Personne n’avait plus à se plaindre du duc d’Or-