cet âge quand on en a déjà plusieurs autres, pleuré comme un gage d’amour.
Le duc d’Orléans, lui-même, était malade, il se tenait à son château de Beauté. Ce replis onduleux de la Marne et ses îles boisées[1], qui d’un côté regardent l’aimable coteau de Nogent, de l’autre l’ombre monacale de Saint-Maur[2], a toujours eu un inexplicable attrait de grâce mélancolique. Dans ces îles, sur la belle et dangereuse rivière, s’éleva jadis une villa mérovingienne, un palais de Frédégonde[3] ; là, plus tard, fut la chère retraite où Charles VII crut vraiment mettre en sûreté son trésor, la bonne et belle Agnès[4]. Ce château d’Agnès Sorel était celui même de Louis d’Orléans ; il s’y tenait malade au mois de novembre 1407, c’était la fin de l’automne, les premiers froids, les feuilles tombaient.
Chaque vie a son automne, sa saison jaunissante, où toute chose se fane et pâlit ; plût au ciel que ce fut la maturité ; mais ordinairement c’est plus tôt, bien avant l’âge mûr. C’est ce point, souvent peu avancé de l’âge, où l’homme voit les obstacles se multiplier tout autour,
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Marne l’enceint……
Et belle tour qui garde les détrois.
Où l’en se puet retraire à sauveté ;
Pour tous ces poins li doulz prince courtois
Donna ce nom à ce lieu de Beauté.Eustache Deschamps. - ↑ Saint-Maur était alors une grande abbaye fortifiée.
- ↑ C’est de la Marne qu’un pêcheur retire le corps du jeune fils de Chilpéric, noyé par sa marâtre.
- ↑ Elle mourut jeune, et l’on crut qu’elle était empoisonnée. Ce château d’Agnès dans une île fait penser au labyrinthe de la belle Rosamonde. Voy. la jolie ballade.