qu’il n’y avait aucun des princes qui ne le tînt pour ennemi public ; à quoi le duc d’Orléans répliqua seulement : « Qui a bon droit, le garde[1] ! »
Il répondit aussi à l’ambassade de l’Université, au recteur, aux docteurs, qui venaient le sermonner sur les biens de la paix. Il les harangua à son tour en langue vulgaire, mais dans leur style, opposant syllogisme à syllogisme, citation à citation. Il concluait par les paroles suivantes, auxquelles il n’y avait, ce semble, rien à répondre : « L’Université ne sait pas que le roi étant malade et le dauphin mineur, c’est au frère du roi qu’il appartient de gouverner le royaume. Et comment le saurait-elle ? L’Université n’est pas française ; c’est un mélange d’hommes de toute nation[2] ; ces étrangers n’ont rien à voir dans nos affaires… Docteurs, retournez à vos écoles. Chacun son métier. Vous n’appelleriez pas apparemment des gens d’armes à opiner sur la foi[3]. » Et il ajouta d’un ton plus léger : « Qui vous a chargés de négocier la paix entre moi et mon cousin de Bourgogne ? Il n’y a entre nous ni haine ni discorde[4]. »
Le duc de Bourgogne comptait sur Paris. Il avait achevé de gagner les Parisiens par la bonne discipline de ses troupes, qui ne prenaient rien sans payer. Les
- ↑ « Sur les pennonceaux de leurs lances les Bourguignons portaient : ich houd, je tiens, à l’encontre des Orléanois, qui avoient : je l’envie ». (Monstrelet.)
- ↑ Bulæus.
- ↑ « In casu fidei ad consilium milites non evocaretis. » (Religieux.)
- ↑ Monstrelet prétend que le duc d’Orléans avait pris l’Université pour juge et arbitre. — Ce qui est plus sûr, c’est qu’il s’adressa au parlement : « Si requeroit la cour qu’elle ne souffrist ledict dauphin estre transporté… » (Archives, Reg. du Parlera. Cons., vol. XII, fo 222.)