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HISTOIRE DE FRANCE

En 1404, tout le royaume souffrant des courses des Anglais, un grand armement fut ordonné, une lourde taxe. Tout l’argent fut placé dans une tour du palais, pour n’en sortir que du consentement des princes. Le duc d’Orléans n’attendit pas ce consentement ; il vint la nuit forcer la tour et en tira l’argent[1]. C’était un acte violent, injustifiable, une sorte de vol. Toutefois, quand on songe que le duc de Bourgogne venait d’abandonner le comte de Saint-Pol aux vengeances de l’Anglais[2], quand on songe que le duc de Berri avait fait manquer l’invasion de 1386, et qu’il empêcha encore le roi de combattre en 1415, on comprend que jamais ces princes n’auraient employé cet argent contre les ennemis du royaume.

L’armement se fit à Brest, une flotte fut préparée. Elle devait être conduite dans le pays de Galles par le comte de La Marche, prince de la maison de Bourbon, qui était agréable aux deux partis. Mais ce prince fit ce que le duc de Berri avait fait autrefois. Il s’obstina à ne bouger de Paris ; il y resta d’août en novembre pour les fêtes d’un double mariage entre les princes de la maison de Bourgogne et les enfants du roi. On allégua que le vent était contraire. Et en effet, on voit bien qu’il soufflait d’Angleterre ; les Anglais étaient instruits de tout par des traîtres ; ils avaient ici des agents à qui ils payaient pension ; ils

  1. Le Religieux dit qu’il s’était muni d’un ordre du roi.
  2. Le comte de Saint-Pol avait pris les armes pour les intérêts de sa fille, belle-fille du duc de Bourgogne.