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HISTOIRE DE FRANCE

qui, tout excommuniés qu’ils étaient comme rois, pouvaient toujours, dans leur chapelle et portes closes, entendre la messe et communier.

Au même moment, sous prétexte de la guerre d’Angleterre, Philippe défendait d’exporter du royaume or, argent, armes, etc. C’était frapper Rome bien plus que l’Angleterre.

Rien de plus mystiquement hautain, de plus paternellement hostile que la bulle en réponse : « Dans la douceur d’un ineffable amour (Ineffabilis amoris dulcedine sponso suo), l’Église, unie au Christ, son époux, en a reçu les dons, les grâces les plus amples, spécialement le don de liberté. Il a voulu que l’adorable épouse régnât, comme mère, sur les peuples fidèles. Qui donc ne redoutera de l’offenser, de la provoquer ? Qui ne sentira qu’il offense l’époux dans l’épouse ? Qui osera porter atteinte aux libertés ecclésiastiques, contre son Dieu et son Seigneur ? Sous quel bouclier se cachera-t-il, pour que le marteau de la puissance d’en haut ne le réduise en poudre et en cendre ?… O mon fils, ne détourne point l’oreille de la voix paternelle, etc. »

Il engage ensuite le roi à bien examiner sa situation : « Tu n’as point considéré avec prudence les régions et les royaumes qui entourent le tien, les volontés de ceux qui les gouvernent, ni peut-être les sentiments de tes sujets dans les diverses parties de tes États. Lève les yeux autour de toi, et regarde, et réfléchis. Songe que les royaumes des Romains, des Anglais, de l’Espagne, t’entourent de toutes parts ; songe à leur puissance, à la bravoure, à la multitude de leurs habi-