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HISTOIRE DE FRANCE

eut recours à un moyen plus direct, l’impôt universel de la maltôte[1].

Ce vilain nom, trouvé par le peuple, fut accepté hardiment du roi même. C’était un dernier moyen, une invention par laquelle, s’il restait encore quelque substance, quelque peu à sucer dans la moelle du peuple, on y pouvait atteindre. Mais on eut beau presser et tordre. Le patient était si sec, que la nouvelle machine n’en put exprimer presque rien. Le roi d’Angleterre ne tirait rien des siens non plus. Sa détresse le désespérait ; dans l’un de ses parlements on le vit pleurer.

Entre ce roi affamé et ce peuple étique, il y avait pourtant quelqu’un de riche. Ce quelqu’un, c’était l’Église. Archevêques et évêques, chanoines et moines, moines anciens de Saint-Benoît, moines nouveaux dits mendiants, tous étaient riches et luttaient d’opulence. Tout ce monde tonsuré croissait des bénédictions du ciel et de la graisse de la terre. C’était un petit peuple heureux, obèse et reluisant, au milieu du grand peuple affamé qui commençait à le regarder de travers.

Les évêques allemands étaient des princes et levaient des armées. L’Église d’Angleterre possédait, dit-on, la moitié des terres de l’île. Elle avait, en 1337, sept cent trente mille marcs de revenus. Aujourd’hui, il est vrai, l’archevêque de Cantorbery ne reçoit par an que douze, cent mille francs, et celui d’York huit cent mille. Lorsque la Restauration préparait l’expédition d’Espagne, en 1822, l’on apprit que l’archevêque de Tolède

  1. Guillaume de Nangis.