pour former un faisceau de tant de bandes dispersées, il comprit le parti qu’on pouvait tirer de cette nouvelle force en la réglant. C’est pourquoi, sur divers points, il indiqua aux Jacques les chefs qu’ils devaient choisir, tandis qu’ailleurs il communiquait avec ceux qu’ils avaient élus d’eux-mêmes… il leur recommandait de raser tous les châteaux qui pouvaient nuire aux Parisiens. S’il redoutait les ravages et les meurtres inutiles, il acceptait le but de cette guerre, qui devait être l’abaissement de la noblesse.
« Mais bientôt il put se convaincre qu’il ne suffisait pas de diriger de loin, par ses conseils, des alliés indociles, et qu’il fallait tout ensemble leur envoyer des hommes d’armes et des chefs qui leur donnassent l’exemple. Il organisa une double expédition de Parisiens et de mercenaires à leur solde. L’une, sous les ordres de l’épicier Pierre Gilles et de l’orfèvre Pierre Desbarres, devait attaquer les châteaux, principalement au sud de Paris… L’autre, dirigée par Jean Vaillant, prévôt des monnaies, devait se joindre à Guillaume Calle… »
La bourgeoisie parisienne, en prenant part à la Jacquerie, communiqua sa modération aux chefs et aux paysans. « C’est un fait certain que, partout où elle parut, la vie même de ses plus cruels ennemis fut respectée : il n’y a rien à sa charge dans le volumineux recueil du Trésor des Chartes, ni dans les chroniqueurs, si ce n’est la ruine de quelques châteaux qui la menaçaient incessamment. On y voit même que les colonnes bourgeoises parcouraient le pays en annonçant, au nom du prévôt des marchands, qu’il était défendu, sous peine de mort, de tuer les femmes ou les enfants des gentilshommes ; elles offraient en outre un asile aux familles de leurs ennemis, lorsque ces familles ne portaient pas un nom trop notoirement odieux aux Parisiens. » (Perrens, Étienne Marcel. 1860.)
221 — page 323 — Les nobles firent tant de mal au pays, etc.
Marcel trace le tableau de cette effroyable réaction dans la lettre qu’il écrit, le 11 juillet 1358, « aux bonnes villes de France et de Flandre » : « Nous pensons que vous avez bien oy parler comment très-grant multitude de nobles, tant de vostre paiis de Flandres, d’Artois, de Boulonnois, de Guinois, de Ponthieu, de Haynault, de Corbiois, de Beauvoisis et de Vermendois, comme de plusieurs autres lieux par manière universele de nobles universaument contre non nobles, sens faire distinction quelconques de coupables ou non coupables, de bons ou de mauvais, sont venuz en armes par manière d’ostilité, de murdre et de roberie, de ça l’yaue de la