outrés de colère et d’envie. Ils se chargèrent de ramener Don Pèdre, de rétablir le bourreau de l’Espagne ; toujours ce diabolique orgueil qui leur a si souvent tourné la tête, tout sensés qu’ils paraissent, le même qui leur a fait brûler la Pucelle d’Orléans, qui, sous M. Pitt, leur aurait fait brûler la France.
Le prince de Galles était tellement infatué de sa puissance, qu’il ne se contentait pas de vouloir rétablir Don Pèdre en Castille ; il promettait au roi dépouillé de Majorque de le ramener en Aragon. Les seigneurs gascons, qui ne se souciaient pas d’aller si loin faire les affaires des Anglais, hasardèrent de lui dire qu’il était plus difficile de rétablir Don Pèdre que de le chasser. « Qui trop embrasse mal étreint, disaient-ils encore… Nous voudrions bien savoir qui nous payera ; on ne met pas des gens d’armes hors de chez eux sans les payer[1]. » Don Pèdre leur promettait tout ce qu’ils voulaient ; il avait laissé des trésors cachés dans des lieux que lui seul connaissait ; il leur donnerait six cent mille florins[2]. Pour le prince de Galles, il devait lui donner la Biscaye, c’est-à-dire l’entrée des Pyrénées, un Calais pour l’Espagne.
Tout ce qu’il y avait d’aventuriers anglais dans l’armée de Don Enrique fut rappelé en Guyenne. Ils partirent bien payés par lui, pour revenir le battre et gagner autant au service de Don Pèdre[3] : telle est la loyauté de ce temps. De même, le roi de Navarre traitait à la fois avec les deux partis, se faisant payer