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HISTOIRE DE FRANCE

pays ; car, lui vivant, jamais les Anglais n’y seraient venus[1].


Il est difficile de ne pas être touché de ce naïf récit. Ces paysans, qui ne se mettent en défense qu’en demandant permission, cet homme fort et humble, ce bon géant, qui obéit volontiers, comme le saint Christophe de la légende, tout cela présente une belle figure du peuple. Ce peuple est visiblement simple et brute encore, impétueux, aveugle, demi-homme et demi-taureau… Il ne sait ni garder ses portes, ni se garder lui-même de ses appétits. Quand il a battu l’ennemi comme blé en grange, quand il l’a suffisamment charpenté de sa hache, et qu’il a pris chaud à la besogne, le bon travailleur, il boit froid, et se couche pour mourir. Patience ! sous la rude éducation des guerres, sous la verge de l’Anglais, la brute va se faire homme. Serrée de plus près tout à l’heure, et comme tenaillée, elle échappera, cessant d’être elle-même, et se transfigurant ; Jacques deviendra Jeanne, Jeanne la vierge, la Pucelle.

Le mot vulgaire un bon Français date de l’époque des Jacques et de Marcel[2]. La Pucelle ne tardera pas à dire : « Le cœur me saigne quand je vois le sang d’un François. »

Un tel mot suffirait pour marquer dans l’histoire le vrai commencement de la France. Depuis lors, nous

  1. « Migravit de sæculo… Quandiu vixisset, ad locum illum Anglici non venissent. » (Contin. G. de Nangis.)
  2. « Volo esse bonus Gallicus. » (Contin. G. de Nangis, anno 1359.)