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HISTOIRE DE FRANCE

violé les tombeaux. Tous les passages étaient occupés. Les Almogavares, attirés par le butin, croissaient en nombre à vue d’œil. Le roi revenait mourant sur un brancard au milieu de ses chevaliers languissants. La pluie tombait à torrents sur cette armée de malades. La plupart restèrent en route. Le roi atteignit Perpignan, mais pour y mourir. Il ne lui restait pas un pouce de terre en Espagne.

Le nouveau roi, Philippe-le-Bel, trouva moyen d’armer le roi de Castille contre son allié d’Aragon. Le fils de Charles d’Anjou obtint sa liberté avec un parjure. La Sicile et ses nouveaux rois, cadets de la maison d’Aragon, se virent abandonnés de la branche aînée, qui prit même les armes contre eux. Cependant le petit-fils de Charles d’Anjou, fils de Charles-le-Boiteux, fut pris par les Siciliens, comme son père l’avait été. Un traité suivit (1299), d’après lequel le roi Frédéric devait garder l’île sa vie durant. Mais ses descendants l’ont gardée pendant plus d’un siècle.

Cette royauté de Naples, si mal acquise, ne fut pas renversée entièrement, mais du moins mutilée et humiliée. Il y eut quelque réparation pour les morts. « Le pieux Charles, aujourd’hui régnant (le fils de Charles d’Anjou), dit un chroniqueur qui mourut vers l’an 1300, a construit une église de Carmes sur les tombeaux de Conradin et de ceux qui périrent avec lui[1]. »

  1. Ricobald. Ferrar.