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HISTOIRE DE FRANCE

le roc de tristes fleurs. Mais il est plus d’une partie dans cette histoire dont le chroniqueur élégant et chevaleresque ne représente pas la sauvage horreur. On ne sent bien l’histoire de Bretagne que sur le théâtre même de ces événements, aux roches d’Auray, aux plages de Quiberon, de Saint-Michel-en-Grève, où le duc fratricide rencontra le moine noir.

Les belles aventures d’amazones où se plaît Froissart, ces apertises de Jehanne de Montfort qui eut courage d’homme et cœur de lion, ces braves discours de Jeanne de Clisson, de Jeanne de Blois, ne disent pas tout sur la guerre de Bretagne. Cette guerre est celle aussi de Clisson le boucher, du dévot et consciencieusement cruel Charles de Blois.

Le duc Jean III, mort sans enfants, laissait une nièce et un frère. La nièce, fille d’un frère aîné, avait épousé Charles de Blois, prince du sang, et elle avait le roi pour elle ; la noblesse de la Bretagne française lui était assez favorable[1]. Le frère cadet, Montfort, avait pour lui les Bretons bretonnants[2], et il appela les Anglais. Le roi d’Angleterre, qui, en France, soutenait le droit des femmes, soutint celui des mâles en Bretagne. Le roi de France fut inconséquent en sens opposé.

Singulière destinée que celle des Montfort. Nous l’avons déjà remarquée. Un Montfort avait conseillé à Louis-le-Gros d’armer les communes de France. Un Montfort conduisit la croisade des Albigeois et anéantit

  1. Selon Froissart, Charles de Blois en eut toujours de son côté de sept les cinq.
  2. App. 163.